Billetteries

Dans l’optique de comprendre d’où elle vient, Fabiola a posé une question qui est devenue la phrase centrale du film : qu’est-ce qu’aurait été ma vie si j’étais restée en Haïti? En prenant comme point de départ la situation économique précaire de sa mère biologique, celle-ci n’avait d’autres choix que de confier sa fille. Fabiola aurait pu se retrouver restavek, ou dans une famille d’accueil aimante, ou dans la rue abandonnée à son sort, ou se faire adopter à l’étranger.

Le film traite d’un thème universel qui rejoint un public de tous âges qui fait référence à la dignité humaine, notre besoin de consolation et d’humanisme, alors que les migrations et l’empathie sont les grands défis de notre siècle. Fabiola est arrivé à Montréal le 24 juillet 2000 à l’âge de trois ans et demi. Devant le vertige de la vie adulte et de sa propre mise au monde en tant que femme, je lui ai proposé de retourner à Haïti et de filmer son pays d’origine à travers ses yeux et de son point de vue. Je lui suggère de tenir la caméra, de choisir les cadrages. Refaire le voyage en flashback que j’ai fait il y a 20 ans, quand je suis allée la chercher alors que Port-au-Prince était sous l’emprise terrifiante des Chimères.

Ce documentaire est un télescopage d’histoires de femmes ; d’abord mon sujet Fabiola, ainsi que sa sœur Justine et moi-même. Une conversation entre la mère adoptante, sa fille et la mère biologique. Plus que tout ce documentaire est un voyage initiatique à travers les yeux, le regard et le point de vue de Fabiola sur ses origines.